Historique de la Mairie et de l’école : le bâtiment Jules Ferry

Sa construction date de 1905. C’est Noël GALIBERT, Maire à l’époque, et à 9 conseillers municipaux que l’on doit cette réalisation. Ce bâtiment abritait sous son toit : la Mairie, l’école et le logement de fonction des instituteurs. L’aménagement était ainsi réparti : sur une partie du rez-de-chaussée, une salle de classe ; et sur une partie à l’étage, la Mairie avec la salle du Conseil Municipal ; le logement de fonction était réparti sur la deuxième partie du rez-de-chaussée et de l’étage.

Le Monument aux Morts de la guerre 1914-1918, a été édifié devant la Mairie au début des années 1920. Durant 80 années, ce bâtiment fonctionnera ainsi au service de la commune et des habitants. A l’époque, Saint Vincent de Barbeyrargues, petit village d’une centaine d’habitants est la plus petite commune de l’Hérault avec 224 hectares.

Les Barbeyrarguois (tous « Cabourds », tel est le nom local) pouvaient être fiers de leur maison communale. Au début des années 1980, le Maire, Michel BONNAUD, développe le groupe scolaire en faisant construire plusieurs classes. En 1987, Michel BONNAUD et son Conseil Municipal décident de transférer et d’aménager la Mairie avenue des Cévennes dans la maison Eugénie Dubois. Cette personne ayant fait don à la commune de sa maison, la salle polyvalente porte son nom.

Suite à ces divers changements, le bâtiment Jules Ferry perd de son rayonnement. Toujours utilisé certes, mais pour des activités secondaires qui ne correspondaient plus à ses activités d’origine. Quelques peu délaissé, il se détériorait et de nombreux points de désordres apparaissaient au niveau de la structure, de la façade principale, du plancher et de la charpente.

La réflexion portée sur le devenir de ce bâtiment va durer plusieurs années. Au vu de son état, une décision doit être prise ; il était urgent d’entreprendre des travaux. En effet, ce bâtiment, valeur importante de notre patrimoine, interdit sa démolition. Sa réhabilitation sera choisie. La municipalité issue des urnes en Mars 2001, fait de ce projet de restauration du bâtiment, une de ses priorités.

C’est Madame le Maire, Véronique TEMPIER, qui assurera avec maîtrise la conduite de cette opération. Les travaux débuteront en janvier 2005. Désormais, la nouvelle Mairie bénéficie au rez-de-chaussée d’un accueil secrétariat, d’un bureau pour la secrétaire de Mairie et d’une pièce d’archives. A l’étage se trouve la salle des mariages et du Conseil Municipal ainsi que le bureau du Maire.

De cette restauration très réussie, il en ressort un ouvrage magnifique. Le bâtiment Jules Ferry est devenu la Mairie de Saint Vincent de Barbeyrargues.

Historique de l’Eglise

L’église de Saint Vincent de Barbeyrargues a été étudiée par Pierre Albert CLEMENT dans son ouvrage consacré aux églises romanes du Bas-Languedoc (1). L’historique et les données architecturales ont été tirés d’une part de son ouvrage, d’autre part de ses indications orales. Des recherches aux Archives Départementales de l’Hérault ont complété son étude (3).

Création du Prieuré

Les moines de l’abbaye de Saint Chaffre de Monastier, dans l’actuel département de la Haute-Loire, avaient fondé un prieuré à Saint Vincent de Barbeyrargues. La première implantation, en Bas-Languedoc des moines ayant adopté la règle de Saint Benoît date des règnes de Charlemagne et de Louis le Pieux.

Sous l’impulsion de Saint Benoît d’Aniane, de nombreuses abbayes ont été fondées à cette époque-là. Après avoir survécu aux époques troublées qui succédèrent au règle de Charles le Simple jusqu’à la mise en place de nouvelles structures dues au Comtes de Toulouse, ces abbayes se sont retrouvées à la base du renouveau économique et culturel du XIe siècle. Elles sont donc à l’origine de la première vague de constructions d’églises dans les paroisses où elles possédaient des droits spirituels et temporels. Toutes ces églises portent l’empreinte d’un art local ayant parfaitement assimilé les apports lombards ou catalans.

Par contre, l’infiltration d’autres réseaux bénédictins extérieurs au Bas-Languedoc a amené l’irruption d’édifices marqués par l’influence de l’abbaye-mère, tel est le cas pour l’église de Saint Vincent de Barbeyrargues dépendant de l’abbaye de Saint Chaffre.

L’essaimage chaffrien en Languedoc s’explique par la continuité dans la pratique de la transhumance inverse dont l’origine remonte bien au-delà de l’âge du fer. Les troupeaux d’ovins passaient l’été dans les monts du Velay et à l’automne descendaient hiverner dans les plaines de la Crau ou dans la basse vallée des fleuves côtiers de l’ancienne Septimanie. Des deux itinéraires parallèles reliés par de nombreuses bretelles et empruntés par les bergers depuis des millénaires, celui qui menait à Saint Vincent de Barbeyrargues était appelé « chemin de Regordane » ou « voie de Nîmes à Gergovie ».

Le prieuré chaffrien de Saint Vincent de Barbeyrargues est antérieur à 1132, ainsi que l’atteste le testament de Bernard IV, comte de Melgueil, publié dans l’Histoire du Languedoc (2). Par cet acte, le comte se fait moine de Saint Chaffre en présence de cinq témoins parmi lesquels « Pontius prior Sancti Vincencii de Barbeyranicis ». Il demande qu’après sa mort, son corps soit transporté à Saint Chaffre pour y être enseveli. Cette dernière clause permet de supposer que Bernard IV ait pris l’habit monastique à Barbeyrargues.

Architecture

L’église de Saint Vincent de Barbeyrargues a été partiellement épargnée. Elle porte les marques de sa parenté avec la grande abbaye vellave. Saint Vincent de Barbeyrargues est le genre d’église pour laquelle se pose une foule de questions. Par sa position en surplomb, dans le prolongement de l’escarpement où l’on a commencé à fouiller l’oppidum de Garaste, elle paraît avoir pris la relève d’un culte des hauteurs. Pour sa datation, Maurice de Daimville avait avancé l’hypothèse de deux campagnes de construction distinctes en se fondant sur le décalage de l’axe du croisillon nord par rapport à l’axe du transept.

En réalité, l’analyse du parement de ce croisillon et du parement de l’abside qui, avec les piliers cruciformes de la croisée, sont les seules parties romanes de l’édifice, montre que l’appareil soigné à joints fins est identique pour les deux ensembles.

La même équipe de tailleurs de pierre a donc participé à la construction de l’église. La non-concordance des axes s’expliquerait alors par une modification du plan en cours de chantier. Pour un problème d’enrochement ou de reprise d’anciennes fondations, soit l’abside, soit le croisillon nord aurait légèrement pivoteé.

Il semble que ce soit l’abside, comme le laisse présumer le décentrage de sa baie par rapport à l’axe longitudinal. On a l’impression que cette ouverture a été déportée vers le sud pour qu’à l’aurore de la Saint Vincent, les rayons du soleil puissent mieux illuminer la nef. La filiation de Saint Chaffre s’affirme dans les colonnettes qui rythment verticalement l’abside et dans les modillons sculptés ou moulurés qui portaient les corniches disparues du croisillon nord. L’influence vellave transparaît aussi dans l’élévation, avec l’identité de hauteur pour le chevet, le transept et le départ de nef. A l’intérieur, la question de datation se pose également au niveau des chapiteaux de la croisée. Ceux du sud sont très simplement ornés de deux rangs de feuilles lisses et peuvent très bien avoir été exécutés par un tailleur de pierre expérimenté. Ceux du nord incontestablement sont l’œuvre d’un authentique sculpteur qui les a décorés de volutes à hampes obliques soutenues aux angles par de larges acanthes qui jaillissent d’une double collerette de feuillages. L’arc triomphal devait être constitué de claveaux à double ressaut si l’on en juge par les dosserets qui cantonnent la colonne. L’empreinte vellave est décelable grâce à la mouluration en tores et scotie des bases des colonnes. Une autre énigme est posée par la présence, au croisillon nord, d’une absidiale empâtée incontestablement languedocienne. Ainsi les liens que l’on décèle entre l’église de Saint Vincent de Barbeyrargues et l’art roman du Velay nous font remonter aux lointaines origines de la transhumance inverse.

La reconstruction de l’église

Le 1er juin 1533, les habitants de Saint Vincent étaient réunis sur la demande de Me Charles Framond prieur, au sujet des réparations à effectuer au bâtiment ecclésial et à la maison claustrale. Ce fut Jean Domergue « operarius » habitant du lieu, qui s’en chargea pour le prix de 100 florins. Celui-ci fit appel à Jean Lazi, tailleur de pierre, pour le prix de 25 florins. Jean Domergue « avec le consentement et le bon plaisir des habitants du lieu », s’engagea à achever les travaux « afin qu’il puisse en être rendu compte à Rome, en temps voulu ». Ainsi, déjà au début du XVIe siècle et après 5 siècles d’existence, l’église était en assez mauvais état. Les travaux ayant nécessité l’intervention d’un tailleur de pierre, il semblerait qu’il se soit agit de réparations relativement considérables. Une trentaine d’années plus tard, les guerres de religion n’épargnèrent pas l’église. C’est à ce moment-là certainement, que le chœur et le nef furent démolis par les gens de la Religion Prétendue Réformée. Le 6 janvier 1618, Me François Sallendres prêtre et prieur de Saint Vincent, donna à prix-fait à Antoine Faybesse Me maçon d’Assas, les réparations à faire à l’église. Le chœur et la nef étaient en ruine. Il s’agissait de reconstruire les murs de la nef de la même épaisseur, à la même hauteur, et de restituer la longueur initiale de celle-ci qui était de 12 mètres. Il fallait refaire la voûte de la nef avec pierres de taille ainsi que son couvert en tuiles. Il fut question d’abattre une muraille qui avait été construite autour de l’église et d’en construire une autre pour séparer la nef du chœur ruiné. Ainsi, l’endroit dans lequel se tenait le prêtre devait être supprimé, le service divin se faisant uniquement dans la nef, l’un des deux croisillons ayant pu servir de chœur, accueillant l’autel. Les travaux ne furent pas exécutés. En effet, le 19 mai 1620, le même prieur, donna à prix-fait à Jean Rovayrol Me maçon, l’achèvement des travaux. Il fut promis lors du prix-fait de 1618 la somme de 54 livres. En 1620, il s’agissait de 50 livres. Cela laisse supposer que les travaux n’étaient guère avancés au bout de deux ans. Est-ce pour remédier à l’extrême lenteur du chantier que le prieur s’engagea à « faire faire la manœuvre aux habitants du lieu » ? En 1633 les travaux n’ont pas été exécutés : « la nef de ladite église voûtée, n’y ayant point de presbytère (chœur), la muraille de l’entrée est fendue, ensemble la voûte, laquelle à cause de ce s’en va entièrement en ruine, le presbytère de ladite église ruiné y ayant encore quelques vieilles masures et marques de bâtiments, à main droite, la voûte de la chapelle en son entier avec les marques de l’autel et l’autre côté ruiné, le grand autel bâti d’une grande pierre… ». Les habitants demandèrent que l’église soit réparée « en sorte qu’il n’arrive un escandale à cause de la fente qui est à la volute et muraille de l’entrée ». L’église n’a donc plus de chœur, la nef menace ruine, et seul le croisillon nord a été conservé.

En 1657, « l’église a été ruinée, de laquelle il en reste encore une muraille entière et une chapelle voûtée. Le service divin se fait dans une salle basse de la maison claustrale où il y a un autel de pierre et un petit tableau de Saint Vincent ». L’évêque ordonne de faire rebâtir incessamment l’église. Les travaux n’ont donc toujours pas été effectués.

En 1677, « l’église est un membre bas de la maison claustrale où on a fait le service divin depuis que l’ancienne église a été démolie par les Huguenots… L’ancienne église est un peu plus haut, où il ne reste que quelques murailles. Il y a la moitié de la voûte du presbytère qui subsiste encore, la nef est toute découverte. Il ne reste qu’un côté du croisillon qui est en bon état ». L’évêque ordonna de faire rebâtir l’église qui avait été démolie, obligeant les habitants du lieu à « poursuivre incessamment Me Antoine Bruguière jadis prieur pour le faire contribuer à la bastisse d’icelle, attendu qu’il lui avait été ordonné de la bastir lors de la visite de 1657 ». Par une ordonnance datée du 12 décembre 1685, l’évêque Charles de Pradel obligeait ceux à qui il appartenait de rebâtir l’église, c’est-à-dire le prieur de Saint Vincent et les habitants. Dès le 15 du même mois, les habitants nommèrent comme délégués à cette mission Pierre Malecombe consul, Jean Bouys et Jean Michel. Après les criées et proclamations par les enchères relatives aux travaux, ce fut Barthélémy Cubissole Me architecte de Montpellier qui emporta le marché pour la somme de 950 livres. Les habitants avaient convaincu le prieur Me Henry Haguenot de participer pour un tiers au montant des travaux. Le prix-fait des réparations du 28 avril 1686 mentionne dans le détail toutes les réparations à effectuer. Il fut entendu que l’entrepreneur disposerait des pierres trouvées dans les ruines de l’église et des « dépouilles des démolitions » lui étant permis de démolir ce que bon lui semblerait, en conservant néanmoins 3m de hauteur de muraille du côté du nord. Enfin l’église avait été reconstruite ! La réception des travaux eut lieu le 14 mai 1688 en présence du prieur, des consuls du lieu et des principaux habitants. Le travail fut satisfaisant mais plusieurs conditions, cependant, ne furent pas respectées. Il est à noter que la nef ne fut pas reconstruite à l’identique, elle fut raccourcie  de 3 mètres du côté de l’entrée de l’église. Sur le côté nord de l’entrée de l’église, on peut apercevoir les restes de l’ancienne muraille de la nef. Ce petit muret permet d’observer la technique de construction des maçons du Moyen Age. Le mur était constitué d’un blocage de pierres grossièrement empilées, liées par du mortier, et banchées entre deux parements de moellons bien équarris et bien ajustés. On peut lire sur la clef de voûte de la nef le millésime « 1687 ».

Il s’agit donc bien de la date de reconstruction de l’église.

Pierre Albert Clément écrivait dans son ouvrage que l’église de Saint Vincent de Barbeyrargues « avait subi milles infamies, depuis les fenêtres murées et le ripolinage de l’intérieur, y compris celui des chapiteaux, jusqu’au transformateur et la sacristie en agglomérés qui dénaturent l’abside. Ce ne sont pourtant que vétilles à côté du gigantesque château d’eau qui conserve les traînées indélébiles d’un décoffrage mal conduit. Le jour où il sera rayé de l’horizon, la butte sacrée de Barbeyrargues recouvrera la splendeur irréelle qu’elle avait jadis lorsque les bénédictins de Saint Chaffre y passaient l’hiver au soleil pour garder leurs troupeaux. » Depuis ce temps, l’église a été restaurée, le château d’eau a été rayé de la carte, et le transformateur a été supprimé. La nouvelle municipalité se préoccupe désormais de redonner à la place et au parvis de l’église leur beauté d’antan. Depuis la butte sacrée de Barbeyrargues, il est à nouveau possible d’admirer la magnifique vallée de Montferrand telle qu’elle apparaissait aux moines de Saint Chaffre depuis le haut Moyen Age.